Ça y est, c’est fait ! Première expérience dans le raid à skis en autonomie totale. Nous sommes partis sur trois jours pour une ballade dans le Beaufortain avec un départ, 4 km au dessus d’Arêches, du Mappa et retour au même endroit. Cyril, Jérôme et moi partons chargés comme des mulets avec comme ambition l’enchaînement de quelques sommets majeurs du Beaufortain. Les premiers kilomètres, relativement plats, vont nous montrer que nous sommes partis beaucoup trop chargés. Ce sera l’enseignement principal à en tirer. 800 m de dénivelé pour arriver au refuge de la Coire en presque 3 heures. C’est vrai qu’il y a de la distance (8 km) et la chaleur mais nous sommes déjà bien entamés. Nous nous ravitaillons puis Cyril et moi, pendant que Jérôme essaye d’allumer le fourneau, allons faire le Crêt du Rey maintenant tout proche. Le ciel se voile de plus en plus, c’était prévu, puis arrivés au sommet c’est quasiment jour blanc. Nous avançons sur l’arête pour essayer de voir le couloir Nord. La visibilité est mauvaise, nous préférons redescendre par la face Est même si la neige croûtée. Comme l’an dernier les conditions nous empêchent de faire ce couloir ! Cyril passera par la facette N.E. du Crêt du Rey, j’opte pour la descente dans les traces de montée. Retour au refuge à 17 h 30 après une bonne journée de ski. Jérôme dort et le feu est mort. La galère pour allumer le poêle : le papier est humide mais après la technique de la" bûche grillée au gaz ", le feu prend et le refuge se réchauffe bien vite. L’ambiance est bonne, le refuge bien agréable et la soirée aussi. Deuxième jour : Réveil dans le froid (6°C) mais le soleil brille dehors, ça va être bon. Nous montons au Mont Coin en plein soleil, je suis en tête, Cyril ayant du faire demi-tour pour aller chercher sa pelle oubliée au refuge. La pente se raidit, je vois bien une rupture de pente, la neige d’un aspect différent et inévitablement je passe sur une plaque qui se tasse sous moi dans un wouf interminable. Rien ne se passe, le manteau ne se fissure pas, je sors de la pente pour récupérer l’arête. Cyril nous rejoint puis le sommet se rapproche. Du Mont Coin, la vue est splendide. Nous attaquons la descente Nord dans une bonne poudreuse jusqu’au lac d’Amour. Jérôme va filer jusqu'à la Pierra Menta, quant à nous direction Roc de la Charbonnière. 500 m de dénivelé sans les sacs : ça change tout à la montée comme à la descente. La face est comme je l’espérais en poudre tassée, encore mieux que sur la photo du livre " Les plus belles traces du Beaufortain ". Au sommet encore une vue à couper le souffle puis une descente d’anthologie avant de récupérer les sacs et monter au col à Tutu pour rejoindre Jérôme. Il est 15 h 45, nous mangeons un bout sous la Pierra Menta puis plein gaz vers le refuge de Presset. Nous y arrivons à 17 h 30, le soleil plonge derrière le col du Bresson. Nous sommes seuls pour y passer la nuit, tout comme la veille au refuge de la Coire. Nous allons chercher du bois derrière le refuge. Les bûches font 1 mètre de long pour un poêle où l’on peut mettre des bûches de 25 cm ! Heureusement " Psycho " est là et il va cogner tant qu’il peut pour faire du petit bois. Après un bon repas nous sommes exténués, nos projets du lendemain seront-ils tenus ? Dernier jour : Nous quittons le refuge vers 10 h pour une courte montée plein sud au col du Grand Fond. Le radoucissement annoncé est bien là, notre objectif de remonter l’aiguille du Grand Fond va tomber à l’eau. Nous bifurquons à gauche vers la brèche de Parozan dans une pente plein Est. Il est presque midi, c’est la fournaise. Sous les rochers au dessus de nous une petite coulée part. Nous ne traînons pas pour atteindre la brèche. Descente côté Ouest au dessus du lac de Roselend, la neige est dure et cartonnée au départ puis une bon passage en poudre froide. A partir du chalet de Parozan ça se ramollit pour devenir presque inskiable. Nous sommes à présent sur le bord du lac, nous allons entamer notre dernière montée vers la Roche Parstire que nous atteindrons vers 14 h 30, il fait chaud et le vent est nul. Vue à 360° : Mont Blanc, Beaufortain et la chaîne des Aravis en intégralité. La dernière descente dans des contre-pentes N.O. puis un canyon dans une neige pas encore trop humidifiée. Il est 16 h 30, notre tour est fini, il est temps de récupérer. Une bonne bière chez Dédé à Arêches et Psycho remet ça : « faudra qu’on fasse la traversée de la Vanoise et patati et patata ». Et dire que si Bougnat va à la Réunion qui va pouvoir calmer les ardeurs de Cyril ?